De la grande épidémie de peste au XIVe siècle à celle du choléra au XIXe, les crises sanitaires ont toujours été de puissants révélateurs de phénomènes économiques et sociaux. Celle du Covid-19 ne fait pas exception. Elle met en lumière, bien qu’elles n’aient absolument rien à voir avec les origines de la crise sanitaire, deux urgences au niveau mondial : l’urgence de la réduction des inégalités qui se sont creusées lors des dernières décennies et l’urgence climatique, dont chacun avait une vague conscience et qui porte en elle un risque de crises bien plus dévastatrices que celle que nous connaissons en ce moment.
Les inégalités dans les domaines de la santé, de la culture, de l’éducation ou de l’accès à l’emploi, ont souvent une caractéristique commune : une profonde inégalité en termes d’accessibilité et de mobilité. Parmi les réponses à ces multiples inégalités, le Grand Paris express avec ses 200 km de lignes et 68 nouvelles gares sera un levier majeur de réduction des inégalités. Il désenclavera des territoires mal desservis, démultipliant les opportunités pour chacun. En 45 minutes, un habitant de Clichy-Montfermeil verra le nombre d’emplois accessibles accru de plus de 1 000 %, passant de 300 000 à 3,5 millions. Ce qui est valable pour les emplois le sera pour l’accès à la culture, aux infrastructures sportives, aux équipements de santé, etc. Les mobilités proposées par le Grand Paris express seront un levier majeur de la cohésion sociale de la métropole.
Le nouveau métro constituera aussi une première réponse à l’urgence climatique, notamment en transportant de 2 à 3 millions de voyageurs chaque jour, limitant d’autant les déplacements individuels. Mais l’enjeu écologique du Grand Paris express va bien au-delà de la seule dimension transport. Le véritable potentiel écologique du réseau se trouve dans l’aménagement des 68 nouveaux quartiers de gare pour bâtir une métropole résiliente et plus soutenable au plan environnemental. On parle ici de 140 km² (15 minutes à pied autour de chaque gare), une fois et demie la superficie de Paris, où nous pouvons reconstruire la ville sur elle-même pour limiter un étalement urbain dévastateur en matière d’artificialisation des sols, mais également pour permettre un meilleur équilibre avec la ville centre.
Il y a urgence à bâtir cette ville du XXIe siècle, mieux équilibrée, plus agréable à vivre et plus respirante ; nous n’avons plus le temps de perdre du temps. Le Grand Paris express sera la clé de voûte de la mutation écologique et urbaine de la métropole parisienne. Notre rapport au travail changera peut-être, mais nous n’arrêterons pas de travailler et le fait métropolitain n’est plus à démontrer. La crise sanitaire actuelle ne remettra pas en cause les métropoles ou les réseaux de transport, pas plus que les Cités-Etats ou que les routes de la soie ne l’ont fait dans l’histoire par les pandémies que l’humanité a connues.