Publié le 22/03/2022

5 min

Alliance des acteurs pour faire du logement une grande cause nationale

L’Union sociale pour l’habitat (USH), la Fédération française du bâtiment (FFB), la Fondation Abbé Pierre, France urbaine et Intercommunalités de France ont créé « l’alliance pour le logement » afin de faire de ce sujet « la grande cause nationale du quinquennat ». Ils ont soumis le 9 mars 2022 aux candidats à l’élection présidentielle leurs 21 propositions.

croix

A l’occasion du lancement de « l’alliance pour le logement » le 9 mars au Palais Brongniart à Paris, les représentants des cinq entités partenaires – Emmanuelle Cosse, présidente de l’USH, Olivier Salleron, président de la FFB, Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre et Catherine Vautrin (pour les deux associations d’élus) – ont présenté 21 propositions réparties en 7 thèmes sur lesquelles « le futur président pourra s’appuyer ».

Malgré la diversité de ces acteurs, « des convergences très fortes entre nous existent pour lesquelles nous ne voulons plus que l’on nous oppose », a prévenu Emmanuelle Cosse. « Le caractère inédit » de cette alliance reflète, selon Christophe Robert, « des inquiétudes et l’importance du logement ». Surtout après un quinquennat qui n’aurait pas tenu ses engagements, selon les membres de l’alliance, notamment « le choc d’offres » qui n’a pas diminué le prix de l’habitat ou encore le plan quinquennal pour « le logement d’abord » en faveur des personnes défavorisées.

Pointant de son côté « un problème tant quantitatif que qualitatif », Catherine Vautrin constate « une somme de sujets (l’accès au logement social et à la propriété, la politique de la ville, l’aménagement urbain, l’habitat indigne, etc.) qui s’additionnent et deviennent de plus en plus lourds ». La présidente du Grand Reims invite à « faire confiance au local pour lui permettre d’avoir une vraie capacité d’expérimentation » et plaide en faveur de « la différenciation des politiques de l’habitat pour s’adapter à chaque territoire ».

Aussi, « nous demandons que des leviers qui fonctionnent bien soient remis sur la table avec une plus grande ambition », a fait valoir Christophe Robert. Soulignant « l’enjeu très politique » du sujet, il a mis en avant « le socle commun de propositions en mesure de faire changer les choses ».

La politique du logement a « besoin d’un électrochoc », selon LR

Pour Olivier Salleron, « sur un certain nombre de sujets, nous sommes à la croisée des chemins. Alors que le prix de l’énergie flambe, quels moyens se donne-t-on pour réussir la transition écologique ? », interroge le président de la FFB. « Comment répondre dans le même temps aux besoins en logement et à la nécessaire sobriété foncière, non pas conceptuellement mais au plus près du terrain ? » L’objectif des propositions de l’alliance est non seulement de relancer la construction de logements (réformer la fiscalité, simplifier les règles d’urbanisme, etc.), notamment sociaux, mais aussi de lutter contre la précarité, le réchauffement climatique et la ségrégation territoriale (lire ci-dessous).

Pour donner toute sa place à cette « crise du logement », les membres de l’alliance ont auditionné le 9 mars certains candidats à l’élection présidentielle. Partageant le constat de « mettre le logement au cœur du débat public », Geoffroy Didier, directeur de campagne de Valérie Pécresse, a indiqué que la politique du logement avait « besoin d’un électrochoc », sans lequel risquerait de se produire une crise aussi importante que dans les années 1950. L’équipe de la candidate des Républicains propose un « projet de franche rupture » pour « aider chacun à construire sa vie », soit « trouver un logement et un cadre de vie agréables ».

Pour ce faire, LR compte mettre sur le marché chaque année 500 000 nouveaux logements et engager un grand choc de simplification des règles d’urbanisme avec une procédure unique pour toutes les grandes opérations. Sur le logement social, Geoffroy Didier a annoncé la réduction de la TVA de 10 % à 5,5 % et l’arrêt de son financement dans les villes qui ont un taux supérieur à 30 %. Enfin, pour « redonner aux maires l’envie de construire », la compensation de la taxe d’habitation sera indexée sur l’augmentation de la population.

Pour Anne Hidalgo, construction de logements et écologie ne sont pas opposés

Convaincue que « le logement contribuera à apporter des solutions aux trois crises simultanées : sociale, climatique et démocratique », Anne Hidalgo assume la nécessité de construire, notamment, 150 000 logements sociaux par an. « Je n’accepte pas que l’on oppose construction de logements et écologie », a insisté la candidate PS qui souhaite mettre en œuvre « un bouclier logement » assorti d’une allocation complémentaire pour accompagner l’effort des ménages quand le prix d’un logement dépasse de 30 % leurs revenus.

Souhaitant permettre à tous les maires le jugeant utile d’utiliser l’encadrement des loyers, la maire de Paris veut que l’Etat se substitue aux maires dont les villes ne respectent pas la loi SRU, soit un taux de 25 % de logements sociaux. Une idée reprise par les Verts qui comptent, de plus, faire passer le taux de la loi SRU à 30 % d’ici à 2030.

Annonçant de son côté la réalisation de 700 000 logements sociaux dont la moitié de très sociaux, en accélérant notamment la transformation de bureaux, Julien Bayou, représentant du candidat EELV Yannick Jadot, a indiqué que la priorité sera donnée à la rénovation thermique des bâtiments. Un plan « massif » de 10 milliards d’euros par an est prévu pour éradiquer les 5 millions de passoires énergétiques, « enjeu environnemental mais aussi d’indépendance énergétique, d’emploi, de santé et de justice sociale ».

Considérant également que l’écologie n’est pas l’ennemie du logement, le conseiller régional d’Ile-de-France estime que « c’est l’absence de volonté d’en construire qui l’est ». « Il est possible de faire en assumant que des villes soient trop denses », a argué Julien Bayou, tout en invitant à « redynamiser des territoires abandonnés faute de services publics et d’offre de transport ».

LREM veut faire de la construction durable une filière d’excellence

Bien que son bilan ait été critiqué par les membres de « l’alliance pour le logement » et les autres candidats à la présidentielle, Emmanuel Macron souhaite « continuer » l’action engagée en faveur du logement, comme l’a indiqué Emmanuelle Wargon, son actuelle ministre du Logement. L’accent sera mis, entre autres, sur la construction durable dans le cadre de la RE2020, la souveraineté énergétique et les matériaux biosourcés. « Le secteur doit devenir l’une des filières d’excellence », a indiqué Emmanuelle Wargon.

Reconnaissant que les objectifs « ambitieux » du pacte conclu avec l’USH n’avaient pas été atteints, la ministre promet de soutenir davantage le logement social, de multiplier par dix le nombre de logements intermédiaires et d’appliquer quand cela est nécessaire l’encadrement des loyers. Le candidat LREM compte également conclure « un pacte de confiance » avec les collectivités locales qui consistera à fixer des objectifs communs et à simplifier les procédures pour les atteindre. Il s’agira aussi d’adapter les logements aux spécificités territoriales et de cesser de considérer le logement uniquement « au travers du prisme des grandes villes ». A la question d’Olivier Salleron, Emmanuelle Wargon a assuré qu’en matière de construction et de rénovation, « les normes étaient stabilisées ».

La démétropolisation détendra le marché immobilier, selon le PCF

Enfin, plaçant le logement comme l’un des axes majeurs de son programme, le candidat PCF Fabien Roussel a fixé comme objectif que les Français ne consacrent pas plus de 20 % de leurs revenus à son financement, qu’il s’agisse d’un achat ou d’une location. Ian Brossat, son directeur de campagne, a présenté les trois grandes idées fortes du programme communiste.

« Le logement social sera la priorité absolue dans toutes ses dimensions, des publics les plus modestes (pension de famille, étudiants) aux classes moyennes », a prévenu l’élu parisien, avec la construction de 200 000 unités par an, le taux de loi SRU porté à 30 % et une aide renforcée à la pierre pour les collectivités locales. Les communistes comptent également accentuer la régulation sur le secteur privé par un encadrement des loyers dans toutes les grandes métropoles avec des plafonds revus, des contrôles et des sanctions.

Ils entendent par ailleurs agir sur l’aménagement du territoire. « La crise du logement est aussi une crise de l’aménagement du territoire », a estimé Ian Brossat, partisan de la démétropolisation pour détendre le marché immobilier, car « la concentration de toutes les richesses dans les grandes métropoles contribue au renchérissent du logements ».

Les 7 axes des propositions de « l’alliance pour le logement »

– Faire du logement un outil en faveur du pouvoir d’achat des ménages ;
– Augmenter la production de logements au service des besoins ;
– Simplifier les règles, décomplexifier l’action ;
– Renforcer le rôle du logement comme outil de lutte contre le réchauffement climatique ;
– Aider l’accès au logement des ménages, notamment les plus fragiles socialement et économiquement ;
– Faire du logement un outil d’aménagement du territoire ;
– Lutter contre la ségrégation territoriale.

En partenariat avec  https://www.lejournaldugrandparis.fr/wp-content/uploads/2014/07/Capture-d%E2%80%99%C3%A9cran-2015-09-23-%C3%A0-12.07.29.png

Cet article vous a intéressé ?
Partagez-le sur les réseaux !